Lettres de Clémence et d’Hippolite

Journal général de la littérature de France, IX, 7, p. 219 : "Les caractères fortement dessinés, les scènes sublimes et déchirantes de Clari[ss]e et de Grandisson

la brûlante peinture de l’amour, les discussions profondes et éloquentes sur divers points de morale et d’économie politique, qui se succèdent dans la Nouvelle Héloïse

l’élégance, le charme du style, qui se font remarquer dans tous les ouvrages d’imaginations de Mad. Riccoboni, avaient inspiré le goût le plus vif pour les romans écrits en forme de lettres : mais, comme il arrive toujours, ces excellentes productions donnèrent lieu à une foule d’imitations peu heureuses, et ce genre fut bientôt décrié. Quelques romans épistolaires, publiés dans ces derniers temps, tels que Valérie et Lina, ramenèrent un peu le goût du public vers ce genre : les lettres que nous annonçons achèveront de le réconcilier. La scène est principalement en Suisse. L’auteur a donné beaucoup d’intérêt à son sujet, en y rattacant quelques-unes des catastrophes de la révolution française, et l’indication des premiers mouvemens qui agitèrent la Suisse sous le directoire. Les caractères sont bien soutenus. Les personnages, ce qui est un grand mérite, parlent toujours le langage qui convient à leur âge, à leur position, aux mouvemens qui les agitent. Le jeu des passions est développé avec beaucoup d’art. Les peintures ont presque toujours attachantes. Enfin le style a toujours du naturel, et quelquefois même de la grâce."